Bulle immobilière ou pas, c’est cher !

Jeudi, 2 juin, 2022
Julie Barlow, L'Actualité

Extrait(s) :

Le marché immobilier du Québec est-il en train d’entrer dans une bulle ? La réponse des économistes : presque.

n soi, une explosion des prix seule n’est pas synonyme de bulle immobilière, dit-on en économie. D’accord, mais à voir les propriétés se vendre au plus offrant depuis le début de la pandémie, parfois sans inspection ni garantie légale, c’est à se demander si le Québec n’est pas en train de s’en cultiver une.  

Le marché n’en est pas là, selon Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), qui regroupe les 13 000 courtiers et agences de la province.

« Mais la bulle n’est pas loin ! »

Une bulle immobilière survient lorsque la valeur marchande des propriétés monte de façon disproportionnée par rapport aux fluctuations de fondamentaux économiques — l’emploi et les revenus en croissance, la démographie aussi, les taux hypothécaires bas et l’offre restreinte. « On assiste alors à des comportements irrationnels », explique l’économiste.

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Selon Robert Kavcic, de BMO Marchés des capitaux, le Québec, et en particulier Montréal, serait en train d’opérer un rattrapage en matière de prix. « Entre 2010 et 2016, le marché était stagnant, il n’a repris de la vigueur qu’à partir de 2017, et ça se poursuit. » 

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S’ils ne parlent pas encore de « bulle », les économistes consultés conviennent qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour changer de discours, tant le déséquilibre entre l’offre et la demande pousse sur les prix. Et ils sont d’avis que les décideurs politiques doivent intervenir pour calmer la spéculation. 

Le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget d’avril une taxe de 1 % sur la valeur des biens immobiliers résidentiels vacants appartenant à des étrangers. Une mesure qui aura une incidence élevée dans l’ensemble du marché, selon Robert Kavcic, qui avait recommandé ce type de taxe dans son rapport Flambée des prix sur le marché canadien de l’habitation : une intervention est nécessaire, en mars dernier. 

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C’est qu’une surchauffe du marché a le potentiel d’aggraver une récession. Cela s’est produit à la fin des années 1980 en Ontario, lorsque la dernière vraie bulle immobilière au Canada a éclaté, en plein ralentissement économique.