Faillite de Bel-Habitat Les acheteurs dépouillés impatients de voir avancer l’enquête policière

Samedi, 27 novembre, 2021
Hugo Joncas, La Presse

Extrait(s) :

Les victimes de Bel-Habitat s’impatientent devant l’absence de progrès dans l’enquête sur la faillite douteuse du promoteur, qui a laissé tomber 118 familles attendant leurs maisons en juin. Mais la police de Laval dit qu’elle doit d’abord laisser le syndic faire son propre travail.

De leur côté, les consommateurs dépouillés disent avoir la désagréable impression que les enquêteurs ont jeté l’éponge. Certains d’entre eux craignent que les autorités n’aient déjà conclu que la saga Bel-Habitat ne cache aucune fraude.

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Contactée par La Presse, la police de Laval assure qu’elle a bel et bien affecté des détectives au dossier de Bel-Habitat. « Le dossier n’est pas du tout fermé, on n’est pas en train de dire qu’il n’y a pas de fraude », dit la porte-parole Geneviève Major.

En tant que corps policier important d’une ville de plus de 250 000 habitants, son organisation possède l’expertise pour mener des enquêtes économiques, dit-elle. « On a rencontré près de 40 personnes. »

Elle précise toutefois que la police laisse avancer l’enquête du syndic avant d’aller plus loin. « Nous, on n’est pas habilités à dire si oui ou non il y a apparence de fraude, dit Geneviève Major. On attend vraiment d’avoir le retour de Raymond Chabot pour savoir si on fait face à un stratagème frauduleux, ou si on a affaire à un mauvais gestionnaire. »

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Le syndic doit interroger Luc Perrier dans les prochains jours. Il questionnera aussi Dean Martin, un « ami » du promoteur dont l’entreprise, Itekt Canada, a emprunté 800 000 $ à Bel-Habitat en 2017. Elle doit toujours 567 000 $ à l’entreprise, selon le rapport préliminaire de Raymond Chabot.

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Le syndic doit notamment déterminer si la faillite de Bel-Habitat pourrait cacher une fraude. S’il trouve quelque chose de suspect, il doit le rapporter non seulement à la police, mais aussi au surintendant des faillites, qui se servira de ces informations pour sa propre enquête.

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Dans un tel système frauduleux, l’argent des derniers arrivés sert à rembourser les premiers investisseurs. Quand la personne à la tête du système n’arrive plus à convaincre de nouveaux venus de lui confier des fonds, tout s’écroule.

Bel-Habitat a encaissé des millions de dollars en acomptes de la part de consommateurs qui devaient acheter ses maisons. Ses clients lui ont confié des sommes allant jusqu’à 777 000 $ avant de faire faillite.