Prix exorbitants, sacrifices à l’avenant

Dimanche, 29 mai, 2022
Marie-Eve Fournier, La Presse

Extrait(s) :

Ceux qui rêvent d’acquérir une première propriété à Montréal ou dans une autre grande ville canadienne ont raison d’être découragés. Avec l’explosion des prix, le temps nécessaire pour accumuler la mise de fonds n’a jamais été aussi long. Ça se compte parfois en décennies.

À Toronto, un couple dont les revenus sont dans la médiane doit en mettre 10 % de côté pendant 30 ans et 3 mois pour devenir propriétaire d’une maison standard à 1,3 million, calcule la Banque Nationale. Ses enfants ont le temps de devenir eux-mêmes parents avant la signature de l’hypothèque, ma foi !

Montréal ne joue pas dans la même ligue.

En économisant 10 % de ses revenus bruts, un ménage peut espérer partir à la recherche de sa maison après « seulement » 4 ans et 3 mois.

Mais pour ceux qui s’astreignent à cette discipline, c’est quand même interminable.

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D’entrée de jeu, le courtier hypothécaire Ron Butler, fondateur de Butler Mortgage, mentionne que ses clients reçoivent souvent « de très gros cadeaux de leurs parents » pour la mise de fonds. « Ces parents peuvent se permettre d’offrir de l’argent, car la valeur de leur maison a grimpé drastiquement. »

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Tout le monde fait des sacrifices et doit s’armer de patience pour trouver la perle rare. D’ailleurs, le nombre de premiers acheteurs âgés de 25 à 35 ans est 50 % plus faible en Ontario qu’il y a 20 ans, rapporte Ron Butler.

L’automne dernier, la CIBC révélait que 30 % des premiers acheteurs utilisent un don et que celui-ci s’élève en moyenne à 82 000 $, au pays.

Le deuxième phénomène, moins connu, est celui des hypothèques à plusieurs noms, dit Ron Butler. « Pour obtenir un plus gros prêt, les couples ajoutent des noms sur le contrat. Ils ajoutent leurs parents, leurs grands-parents, des amis, des frères, des sœurs. En Ontario, le nombre d’hypothèques où figurent plus de deux noms connaît une augmentation significative. C’est passé de 6 % en 2019 à 13 % en 2021. »

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Dans les tours du centre-ville, les microcondos sont désormais légion. « La majorité ont moins de 500 pieds carrés. Ça va jusqu’à 370 pieds carrés. La prochaine étape, ce sont les lits au plafond », prédit Ron Butler tout en se désolant que la situation à Toronto soit « un désastre pour les jeunes ». Si les plus vieux sont heureux de savoir que la valeur de leur propriété a explosé, les gains se font « sur le dos des générations d’après », déplore-t-il.

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Aujourd’hui, à Montréal, le ménage moyen qui possède une maison standard doit consacrer 41 % de son revenu brut à son hypothèque.