Des ascenseurs mal entretenus sèment l’inquiétude

Vendredi, 30 juin, 2023
Zacharie Goudreault, Le Devoir

Extrait(s) :

Des ascenseurs entretenus à la va-vite pour réduire la facture, des inspections insuffisantes et une réglementation désuète sont autant d’éléments qui font craindre pour le caractère sécuritaire de ces appareils empruntés quotidiennement par des milliers de Québécois. Des mécaniciens tirent la sonnette d’alarme, tandis que la Régie du bâtiment du Québec promet de corriger le tir.

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En entrevue au Devoir, des mécaniciens d’ascenseur qui travaillent dans différentes régions du Québec déplorent disposer de moins en moins de temps pour inspecter et entretenir ces appareils, une situation qu’ils attribuent au désir des entreprises qui les emploient de limiter au maximum leurs coûts. « C’est la guerre des soumissionnaires pour couper au plus petit prix possible » dans les contrats d’entretien des ascenseurs des hôpitaux, des écoles et autres bâtiments, constate Roger Harpin.

Des travailleurs se retrouvent alors forcés de tourner les coins ronds afin de pouvoir visiter autant d’ascenseurs que leur employeur le requiert sans dépasser le budget qu’il a alloué à ces travaux. « Je connais des mécaniciens d’ascenseur qui entretiennent 250 ascenseurs par mois », relève M. Harpin.

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Par courriel, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) mentionne que l’entretien qu’elle exige pour ce type d’appareils doit comprendre « l’inspection, l’examen et la mise à l’essai de toutes les pièces et fonctions de l’ascenseur ». « Chaque étape doit ainsi être respectée pour que l’entretien soit conforme. Il revient à l’entrepreneur embauché par le propriétaire d’un ascenseur de prévoir le travail adéquatement afin de respecter toutes les exigences », ajoute l’organisme.

Joints par Le Devoir, Otis et Kone, deux des plus grandes entreprises de construction et de réparation d’ascenseurs au monde, ont brièvement répondu à nos questions par courriel. « Il n’y a rien de plus important pour Otis que la sécurité de nos collègues, de nos clients et des personnes qui comptent sur nos produits et services au quotidien », a assuré l’entreprise, qui affirme avoir mis en place plusieurs mesures pour protéger ses employés et ses sous-traitants.

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Plusieurs représentants syndicaux joints par Le Devoir pressent pour leur part la RBQ d’inspecter davantage les ascenseurs de la province afin d’inciter les compagnies chargées de les entretenir à adopter de meilleures pratiques. Ils déplorent aussi que le Québec applique actuellement un code de sécurité pour les ascenseurs et les monte-charges qui date de 2007, tandis que l’Ontario se base sur des normes mises à jour en 2019. « Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas des boîtes en carton qu’on transporte, c’est du public », lance Roger Harpin.

 

La RBQ entend toutefois déposer cette année un projet de révision des règlements afin de mettre à jour les codes de construction et de sécurité appliqués aux ascenseurs et autres appareils de levage au Québec.

Ces modifications réglementaires visent notamment la création d’un programme de contrôle de l’entretien dont l’objectif sera de maintenir les ascenseurs « en bon état de fonctionnement » et d’ainsi « garantir un meilleur niveau de sécurité des usagers », ajoute l’organisme gouvernemental par courriel. Chaque appareil devra faire l’objet d’un programme de contrôle distinct qui viendra « spécifier les examens, essais, travaux de nettoyage, lubrification et réglages aux composantes pertinentes à des intervalles réguliers », précise la RBQ.

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« Il faut également souligner qu’en cas de manquement grave, la RBQ a le pouvoir de retirer les licences d’exploitation des entrepreneurs fautifs », a pour sa part fait valoir par courriel le ministre québécois du Travail, Jean Boulet.