Le chien de garde des électriciens veut inspecter lui-même les chantiers

Mercredi, 15 septembre, 2021
Hugo Joncas, La Presse

Extrait(s) :

La Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ) se joint au concert de critiques envers la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Constatant la rareté des inspections dans son domaine, elle veut s’en charger elle-même et assure pouvoir en faire près de 10 fois plus qu’en ce moment, pour moins cher.

Si le gouvernement lui confiait la tâche de chien de garde des travaux dans son champ de compétence, la CMEQ assure qu’elle pourrait faire passer de 4055 à 38 749 le nombre d’inspections réalisées chaque année.

Le Québec accuse un important retard en la matière, selon les chiffres qu’a rassemblés le cabinet Raymond Chabot à la demande de la corporation. L’Ontario, par exemple, réalise 120 fois plus d’inspections. Tous les chantiers y font l’objet de vérifications, notamment électriques, à chaque étape des travaux.

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Ici, seulement 20 % des entrepreneurs électriciens sont visités d’une année à l’autre, selon les chiffres de la RBQ.

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« Par contre, on est les champions des incendies ! », souligne Julie Sénécal.

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Les membres de la corporation envoient pourtant des sommes considérables à la RBQ pour financer ces vérifications. « On paie 23 millions ! Ces sommes-là sont déjà à la Régie, mais elle en dépense 4,1 [dans les inspections électriques]. Où est passé le reste ? », demande Julie Sénécal.

Pour parvenir à en faire beaucoup plus avec moins, la CMEQ propose un système de « cotes » pour les entrepreneurs électriciens.

Après deux premières années d’inspections en vertu du nouveau régime, ceux qui ont les meilleures évaluations seraient inspectés moins souvent et paieraient moins cher pour les financer. Mais tout le monde recevrait au moins cinq visites par an.

Le nombre d’inspections serait aussi modulé en fonction de la taille de l’entreprise de services électriques concernée. Pour la catégorie « très grande entreprise », la CMEQ propose au moins 15 inspections par an, et jusqu’à 112 pour les pommes pourries.

«Nous, notre système coûterait 15 millions au lieu de 23. On économise presque 10 millions par année pour passer de 4000 à 38 000.» [...]

Cette cible peut paraître considérable, mais elle « reste inférieure à celle des autres provinces canadiennes observées dans cette étude », souligne l’étude d’opportunité de Raymond Chabot. Elle ne permettrait pas d’inspecter tous les chantiers, tel que le réclament plusieurs organisations liées à la construction, comme l’Ordre des ingénieurs du Québec.

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Réaction tardive à Québec

Jusqu’à la sortie publique de la CMEQ le 15 septembre, Julie Sénécal n’a pas eu l’impression d’une oreille attentive du côté de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.

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« J’ai parlé de ça avec Mathieu Noël, le directeur de cabinet adjoint de Mme Laforest. Il nous a dit que le rapport a été transmis à la Régie, qui communiquerait avec nous », dit Julie Sénécal.

La ministre a donc remis à la RBQ un rapport sur l’inefficacité… de la RBQ. « On ne pense pas que c’est le bon organisme pour régler ça », déplore la directrice générale.

Selon elle, « le gouvernement n’a pas la volonté de modifier la situation actuelle ».

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