Des immeubles à condos boudés par les assureurs

Mercredi, 18 mars, 2020
Marie-France Bélanger, Radio-Canada

Extrait(s) :

Sans tracas la vie de condo? Pas forcément. C’est le constat de 15 copropriétaires de Longueuil qui ont dû faire des pieds et des mains pour assurer leur édifice. Leur cas illustre le resserrement grandissant du marché de l’assurance dans ce secteur au pays.

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Or, l’assurance du syndicat de copropriété couvre pratiquement tout : le bâtiment, les aires communes, les murs, la plomberie, l’électricité et même les unités. Seules exceptions : les biens des copropriétaires et les améliorations qui augmentent la valeur de leur condo (rénovations de cuisine et de salle de bain, installation d’un plancher de bois franc ou d’un climatiseur, par exemple).

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Au Québec, tout syndicat de copropriété a l’obligation de s’assurer en vertu du Code civil. Mais en revanche, il n’y a aucune obligation pour les compagnies d’assurances d’assurer un syndicat de copropriété.

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Pourtant, l’immeuble où habite Stéphanie Giroux à Longueuil est pratiquement neuf. L’édifice de 15 unités, construit en 2013, est impeccable à première vue.

Mais deux réclamations pour dégâts d’eau et un vice de construction des balcons ont eu l’effet d’une douche froide sur les assureurs.
 

Promutuel a choisi de ne pas renouveler le contrat d’assurance avec le syndicat. L’entreprise, qui a refusé de nous accorder une entrevue, explique par courriel que l’immeuble présente des lacunes très diverses liées à la construction même des bâtiments. Les types de dommages potentiels [...] sont multiples et variés.

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Le Bureau d’assurance du Canada (BAC), qui représente les assureurs en dommages au pays, observe un resserrement.

C’est plus compliqué aujourd’hui pour un syndicat de trouver un assureur. Ce n’est pas une ligne d’affaires qui est particulièrement rentable pour les assureurs, à cause du nombre de sinistres, principalement les dégâts d’eau, affirme Pierre Babinsky, directeur des communications de l’organisation.

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Yves Joli-Coeur, avocat et expert en copropriété, est inquiet et ne mâche pas ses mots. On est littéralement dans le début d’une crise, soutient-il. Il y a onze ans, au Québec, on avait 10 assureurs. Il en reste 6. Dans les grandes tours, il y n’y a que deux ou trois assureurs.

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Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) demande aussi aux autorités d’améliorer les inspections de chantiers. Ce qui semble aberrant pour nous, c’est qu’on soit en mesure de fermer des murs sur un chantier de construction avant que la plomberie ou l’électricité, par exemple, aient été inspectées ou certifiées par des personnes compétentes, souligne Pierre Babinsky, porte-parole de l’organisme.