Au plus fort la poche ? Pas toujours !

Samedi, 29 mai, 2021
Valérie Simard, La Presse

Extrait(s) :

La rareté des propriétés a rendu la surenchère immobilière courante dans beaucoup de régions du Québec. Est-ce à dire que c’est toujours la mise la plus haute qui l’emporte ? Que nenni ! Le diable est souvent dans les détails… et dans les conditions.

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Et bien qu’il ait vu à deux reprises, depuis le début de l’année, des propriétés s’envoler à 250 000 $ au-dessus du prix demandé, de tels écarts ne sont pas la norme. « La plupart du temps, on parle de quelques milliers de dollars de différence entre une offre et une autre », estime-t-il.

Étonnamment, une offre très élevée pourrait nuire à l’acheteur qui l’a soumise.

« Ce n’est pas parce que l’offre est 200 000 $ de plus que c’est nécessairement elle qui va être retenue. Si l’acheteur ne verse que 5 % de comptant, on a des inquiétudes sur le financement. » [...] 

Ça nous est arrivé à quelques reprises que la banque ait refusé le prêt parce que ça s’était vendu trop cher [selon son évaluation]. »

Les courtiers sondés sont toutefois unanimes : si l’écart entre les offres est grand, sans être démesuré, ce sera certainement la plus haute qui sera choisie. Mais, puisque souvent quelques milliers de dollars séparent les offres entre elles, d’autres facteurs deviennent déterminants.

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Les autres offres qui peuvent être alléchantes pour le vendeur sont celles qui comportent peu de conditions telles qu’une rencontre de copropriétaires, une visite des logements dans le cas d’un immeuble à revenus, un financement et finalement une inspection, une question délicate pour les courtiers immobiliers qui ne peuvent recommander à leurs clients de laisser tomber ce filet de sécurité.

Si, devant la pression du marché, de nombreux acheteurs ont néanmoins choisi de ne pas soumettre leur promesse d’achat à une condition d’inspection, Micheline Lapierre observe un léger retour de balancier. « Il y a eu de l’information qui a été véhiculée pour conseiller aux acheteurs de faire des inspections, et c’est une très bonne chose. Alors, on le voit, les gens demandent plus souvent des inspections qu’il y a quelques mois. »

Si beaucoup sont tentés de laisser tomber cette clause, c’est que son absence peut être très alléchante pour le vendeur, surtout si sa propriété n’est pas récente. « Si on a une offre d’achat qui n’est pas conditionnelle à l’inspection, mais qui est 5000 $ plus bas, le vendeur va privilégier l’offre d’achat qui n’a pas d’inspection, illustre Mme Lapierre. Ce n’est pas pour essayer de cacher quelque chose, le vendeur doit quand même déclarer ce qu’il sait sur la propriété, c’est juste que ça va activer le processus et réduire les délais. Ça risque moins d’ouvrir la porte à une nouvelle négociation. »