Maison fissurée

Parfois bénin, parfois un véritable cauchemar, une nouvelle fissure dans la maison amène toujours son lot d’inquiétudes. S’agit-il d’un simple défaut esthétique ou d’un risque de dommages irréparables ? Comprendre les différents types de fissures et leurs causes s’avère ainsi utile pour le propriétaire averti. Tant pour la propriété elle-même que pour la tranquillité d’esprit.

 

Les catégories de fissures

D’un simple coup d’œil, on peut distinguer plusieurs catégories de fissures, chacune exprimant un premier diagnostic sur la propriété.


Fissures passives

D’abord, on discerne les fissures passives. Une fissure est considérée comme telle si elle ne s’agrandit pas avec le temps. Généralement, une telle fissure n’est que le résultat du vieillissement normal de la maison, donc superficiel. Un simple rebouchage est habituellement suffisant pour réparer une fissure passive.


Fissures actives

À l'inverse, une fissure dite active est plus problématique. Lorsque la fente s’aggrave continuellement dans le temps, il faut demander sans tarder l’expertise d’un professionnel. Ce dernier saura identifier la cause du problème et exécuter les travaux nécessaires à la correction. Bien souvent, les fissures actives sont provoquées par l’affaissement du sol, par un mauvais drainage ou par le gel.


Fissures horizontales et verticales

Les fissures peuvent également être catégorisées par leur orientation : horizontale ou verticale. Une fissure verticale est usuellement préférable à une fente horizontale, puisque cette dernière indique souvent la présence de problèmes structuraux. Advenant une fissure à mi-chemin entre les deux catégories, il est pertinent de considérer l'orientation dominante.

 

Les causes

Nombreux sont les facteurs qui peuvent entraîner une fissuration, chacun avec leur propre dynamique. Ainsi suit une liste non exhaustive des principales causes engendrant des fissures.


Vieillissement normal de la maison

À mesure qu'une propriété prend de l'âge, quelques fissures feront inévitablement leurs apparitions. Loin d'être inhabituelles, ces fissures proviennent notamment du mouvement de la structure et de la durée de vie des matériaux.


Le gel

Avec l'arrivée de la saison hivernale, quand l'eau autour de la maison gélè, le sol peut se soulever et bouger, provoquant ainsi une pression contre les parois de la maison. Des fissures peuvent ainsi apparaitre et croitre selon l'intensité du gel. C'est pourquoi il est recommandé d'éloigner au maximum les sources d'eau, comme les gouttières notamment. Ce gel peut faire que même les petites fissures deviennent plus grandes.


L’affaissement du sol

Cause importante des fissurations des propriétés, l'affaissement du sol est fréquemment engendré par le développement urbain, la faible capacité portante du sol, mais spécialement les périodes de sécheresse. Les sols argileux sont particulièrement problématiques puisqu'ils retiennent une importante quantité d'eau. Lors d'une sécheresse, l'argile s'assèche et se contracte, causant des dommages aux fondations des maisons.

 

Les signes à repérer

Au-delà des fissures qui sont plus faciles à repérer à l'oeil nu, d'autres signes peuvent indiquer qu'une maison souffre d'un affaissement du sol, l'une des principales causes des fissures. Les déformations structurelles d'une demeure sont d'excellents indicateurs du phénomène.

Souvent négligés à tort, l'étanchéité et le fonctionnement difficile des portes et des fenêtres sont notamment un signe d'une déformation pouvant trouver sa cause dans l'affaissement du sol. Ainsi, il est pertinent d'y prêter une attention particulière si la déformation s'avère permanente. Un même son de cloche pour une dénivellation des planchers.

 

Prévention de l’affaissement du sol


Contrôle des végétaux

Le contrôle des végétaux afin de compenser l’assèchement du sol peut se réaliser de différentes façons. Le plus simple est d’assurer un arrosage plus abondant près de l’arbre, en y installant un système d’irrigation. On pourrait aussi procéder à l’émondage de l’arbre (la taille de certaines branches) pour freiner la croissance des racines. Il n’est toutefois pas recommandé d’élaguer ou d’émonder plus de 20 % du feuillage de l’arbre en une seule opération. Il est possible d’installer une barrière anti-racinaire pour garder les racines à distance des fondations. Il s’agit d’une toile épaisse enfouie dans le sol à la verticale afin de bloquer la progression des racines. Au Québec, l’installation d’une telle barrière est justifiée pour les maisons dont les assises sont peu profondes (certaines maisons anciennes).

Quand on planifie de planter des arbres autour de la maison, il est recommandé d’éviter les espèces de très grande taille et celles qui consomment beaucoup d’eau comme le saule, l’orme et les différentes espèces de peupliers.


Réduire l‘évaporation

Certaines bâtisses reposent sur des fondations sans dalle de béton au sous-sol et dans ce cas, on parle de cave en terre battue ou de vide sanitaire. Dans ce type de cave, la terre exposée à l’air libre s’assèche davantage que le sol à l’extérieur. Quand la maison est assise sur un sol d’argile, une telle maison peut subir un affaissement du sol au centre. Il faut donc installer une toile de plastique sur le sol : elle agira comme coupe-vapeur en maintenant l’humidité dans le sol.


Arrosage

Un arrosage fréquent et abondant a pour but de compenser la perte d’humidité lors des longues périodes de sécheresse et d’empêcher les mouvements du sol. Les plus efficaces sont les systèmes d’irrigation profonds, mais les systèmes superficiels donnent quand même des résultats satisfaisants.

Il faut prendre en considération que si les murs de fondation de la bâtisse sont fissurés, il est possible que l’arrosage cause des infiltrations d’eau dans le sous-sol. Il importe donc de colmater les fissures avant de procéder à l’arrosage. Prendre en note que ce système a un potentiel limité lorsque l'immeuble est dans une région urbaine et que l'arrosage peut causer une humidité excessive au bâtiment. 

 

Les mesures à prendre

Les actions à entreprendre dépendent de l'état de la structure, mais nous allons vous présenter ici quelques-unes des options. De toute façon, pour déterminer les mesures précises à prendre, il est recommandé de commencer par la mesure de l'évolution des dommages.


Mesurer la progression des signes dans le temps

Comme nous l'avons mentionné plus haut, les fissures peuvent être actives et passives. Les fissures passives peuvent ne pas bouger pendant des années. Par contre, les fissures actives peuvent s'aggraver rapidement et provoquer des dommages à toute la structure.

Il est préférable de réaliser deux évaluations espacées d'un an. S'il n'est pas possible d'attendre un an, on recommande de faire la première mesure le printemps et la deuxième, vers la fin de l'année.

Pour évoluer la progression des fissures, l'on peut utiliser des outils spécifiques disponibles sur le marché (fissuromètre). Il existe aussi des moyens plus simples. On pourrait marquer des points de repère de chaque côté d'une fissure et mesurer son ouverture (de préférence, à chaque mois). Une autre façon est d'installer des témoins rigides sur les fissures aux murs de fondation. Pour ce faire, il faut modeler un rectangle en plâtre de Paris (disponible dans les quincailleries) d'environ 1 cm d'épaisseur et l'apposer par-dessus la fissure. On inscrit la date d'installation sur le rectangle. En séchant, le plâtre colle au mur et si la fissure s'agrandit, le témoin en plâtre se fissure aussi.


Réparer la fondation par l'intérieur ou par l'extérieur

Les opinions sur cette question divergent. Certains experts affirment que la réparation par l'intérieur n'est qu'une solution temporaire. D'autres considèrent que, dépendamment du contexte, les deux options sont bonnes. On met en garde que pour les excavateurs, il est plus avantageux (car plus dispendieux) d’exécuter les travaux par l'extérieur et les consommateurs doivent faire preuve de prudence. Nous allons vous présenter brièvement les deux options.


Réparer par l'intérieur

Boucher la fissure d’une fondation de l'intérieur est l'option la moins coûteuse. Elle consiste en l’injection sous pression de résine liquide dans la fissure. D'abord, on installe des tubes et des aiguilles d'injection à une distance de 6 à 8 po et on injecte un produit chimique pour humidifier la fissure et favoriser l'adhésion de la résine. La résine est injectée à partir du bas en montant vers le haut. En ce qui concerne la résine, l'on peut choisir entre le polyuréthane et l'époxy. Le polyuréthane possède une plus grande souplesse. L'époxy est plus rigide et si la maison bouge (ce qui arrive le plus souvent), elle pourrait provoquer une deuxième fissure à côté de la première. Il faut prendre note que ces deux types de résine liquide ne peuvent pas réparer une fissure de plus de 1/8 po.


Réparer par l'extérieur

Cette méthode prévoit une mini-excavatrice avec laquelle on creuse pour dégager la fondation et atteindre le secteur touché. Puis on ouvre la fissure pour former un V et on y applique du ciment à prise rapide. Ensuite, on couvre l'endroit d'une membrane d'étanchéité. La membrane doit être suffisamment flexible pour résister au mouvement du sol. Il est à noter qu'elle possède une excellente durabilité sous terre.


Pieutage

Si les dommages à la maison sont sévères et sont provoqués par un affaissement du sol, l'installation de pieux s'impose comme la méthode la plus efficace. Des pieux sont engagés profondément jusqu'au sol ferme et stable pour devenir l'assise et stabiliser la structure. En expert doit au préalable prendre en considération le poids de la maison afin de déterminer le nombre, la dimension et le positionnement des pieux.

 

Nos guides sur le sujet

Pour aller plus loin, vous pouvez vous procurer nos guides «Votre maison est fissurée» 1 et 2. 

Ils ont de l’âge et sont actuellement en réédition, mais l’information qu’on y trouve demeure néanmoins pertinente.

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