Habitations Trigone perd toutes ses licences

Vendredi, 1 octobre, 2021
Hugo Joncas, La Presse

Extrait(s) :

Habitations Trigone vient de perdre toutes ses licences de construction. La Régie du bâtiment du Québec les a annulées en bloc le 30 septembre.

La décision crée une véritable onde de choc dans l’industrie, puisque le constructeur, à travers ses 23 filiales, est l’un des plus importants au Québec. [...]

Le Bureau des régisseurs de la Régie sévit en fait contre les dirigeants d’Habitations Trigone, Patrice St-Pierre et Serge Rouillard, en annulant pas moins de 19 licences servant à réaliser leurs projets, dont plusieurs ont connu de graves problèmes de qualité.

Le chien de garde de l’industrie leur reproche d’avoir « contourné une loi d’ordre public » par différents stratagèmes : dettes de jugements non payées, fausses déclarations, absence de collaboration avec les autorités, confusion entre les filiales, manque de discernement quant à la sécurité du public, manquements aux lois, mauvais service et mauvaise qualité…

Conséquence : Trigone ne peut pas « se mériter la confiance du public et, partant, celle de la Régie ».

Le Bureau des régisseurs sévit ainsi pour des « manquements contemporains et répétitifs », pour lesquels « les intimées et leurs dirigeants n’ont démontré aucune volonté d’amélioration ».

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Joint par La Presse à son domicile, l’un des propriétaires, Patrice St-Pierre, dit qu’il entend contester la décision devant le Tribunal administratif du travail.

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Il ne se dit pas étonné par la décision du régisseur, qui selon lui comptait faire un « exemple » avec Trigone. « On n’est pas d’accord et on va se défendre bec et ongles », dit-il.

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Le chien de garde de l’industrie n’est pas tendre en ce qui a trait aux multiples problèmes connus dans les habitations du groupe. La preuve « ne laisse place à aucun doute quant à l’importance de certaines malfaçons et [certains] vices de construction, sans oublier la piètre qualité du service après-vente », précise le document.

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Au fil des ans, la RBQ a accordé des licences de construction à pas moins de 45 entreprises sous le contrôle de Trigone pour réaliser des projets. L’un des deux propriétaires, Serge Rouillard, a expliqué à la Régie que « ce mode opératoire est fréquent dans l’industrie ».

Sauf que dans le cas de Trigone, le régisseur explique que le groupe s’est servi de cette stratégie pour éviter de payer les sommes qu’il avait été condamné à rembourser à des acheteurs lésés.

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À l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction, Marc-André Harnois se réjouit de la décision du régisseur contre Trigone.

« La RBQ lance un message important à l’un des plus gros promoteurs au Québec : on peut se faire épingler. Isolément, ce sont des choses courantes. Mais le nombre de recours en justice contre Trigone est si élevé ! »

Il se demande toutefois pourquoi la Régie a attendu qu’un reportage de Radio-Canada se penche en octobre 2020 sur les abus de Trigone pour enquêter.