Hausse des taux: d’intérêt Prenons le marteau par les cornes

Jeudi, 27 octobre, 2022
Stéphanie Grammond, La Presse

Extrait(s) :

La hausse musclée des taux d’intérêt ne sera pas suffisante pour venir à bout de la pénurie de logements, même si elle est essentielle pour calmer la fièvre immobilière.

Pas besoin d’un thermomètre pour mesurer l’effet de l’augmentation du taux directeur de la Banque du Canada qui a bondi de 0,25 % à 3,75 % cette année, en incluant l’augmentation de 50 points centésimaux décrétée mercredi.

Au Québec, le prix des maisons a fléchi de 4,2 % depuis avril, une baisse d’une ampleur inégalée depuis un quart de siècle. Et le dégonflement de l’enflure pandémique n’est pas terminé, selon de nombreux économistes.

Mais cette baisse de prix ne fera pas apparaître des maisons par magie. Pour que chacun ait son chez-soi, il faut prendre le marteau par les cornes.

Mardi, c’est ce que l’Ontario a fait en dévoilant un plan visant la construction de 1,5 million de maisons au cours de la prochaine décennie, en misant notamment sur la densification douce.

Cet objectif devrait être une source d’inspiration pour France-Élaine Duranceau, la nouvelle ministre de l’Habitation du Québec. D’ailleurs, la nomination d’une ministre entièrement dédiée à l’habitation est un excellent signal de la part de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui avait agi comme si la crise du logement n’existait pas durant son premier mandat.

Mais la nouvelle ministre hérite d’un défi énorme.

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Depuis le début de 2022, les mises en chantier ont plutôt baissé de 13 % au Québec, après une année 2021 extrêmement vigoureuse, il faut bien le dire. La construction de maisons neuves devrait encore faiblir de 14 % en 2023, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).

Or, pour atteindre l’objectif de la SCHL, il faudrait ajouter plus de 100 000 logements par année, alors qu’on finira 2022 autour de 57 000.

On est loin du compte. Si on ne fait rien, les maisons resteront inaccessibles et le taux de propriété continuera de diminuer, comme on l’a vu pour la première fois cette année. Les jeunes seront les premiers à en faire les frais.

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À Montréal, ces frais peuvent être 10 fois plus élevés pour la construction d’un logement locatif dans une tour que pour une maison unifamiliale. Ça n’a pas de sens. Ils sont aussi beaucoup plus élevés qu’en banlieue.

C’est sans compter le processus d’approbation qui ralentit les projets. Bien sûr, on ne voudrait pas laisser les promoteurs bâtir n’importe comment. Mais on ne veut pas non plus leur mettre des bâtons dans les roues.

On a besoin de maisons, et vite.