La course folle aux matériaux

Samedi, 22 mai, 2021
Martin Jolicoeur et Francis Halin

Extrait(s) :

Les acheteurs doivent être patients, car l’offre est très loin de suffire à la demande

Certains entrepreneurs prévoyants parviennent à traverser la période de pénurie de matériaux sans trop de mal, grâce à leurs réserves constituées il y a plusieurs mois déjà. [...]

Après l’explosion des prix, la disponibilité des matériaux – et non plus seulement du bois – est devenue en quelques semaines à peine la principale menace qui pèse actuellement sur la saison de la construction au Québec.

« Habituellement, c’est plein jusqu’en haut, s’exclame comme pour s’excuser, dès notre arrivée, le conseiller d’un entrepôt Home Depot devant les tablettes dégarnies de panneaux de gypse. Rien qu’à voir, vous comprenez que l’on est en pénurie. Je vous jure que ce n’est pas comme cela normalement. »

Bref, que vous ayez de grands besoins de contreplaqués, de fenêtres, de panneaux de gypse, d’articles de plomberie, de béton ou même de bardeaux d’asphalte, l’heure est sans doute venue de vous armer de patience. [...]

Car, à l’instar du reste de l’Amérique du Nord, le Québec doit composer avec une pénurie de matériaux de construction, qui excède maintenant celle du bois d’œuvre qui a abondamment fait les manchettes au cours des derniers mois. 

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La forte hausse de la demande qu’a connue le secteur de l’habitation depuis un an, combinée à l’incapacité des manufacturiers de s’ajuster suffisamment rapidement à cette explosion que nul n’avait prévue, explique pourquoi nous nous retrouvons dans pareille situation, affirme l’économiste principale de Desjardins, Joëlle Noreau.

« Les ménages se sont enrichis, ils ont eu envie de revoir leur lieu de vie et ont profité en masse de la faiblesse des taux hypothécaires. Le hic, poursuit-elle, est qu’une usine, ça ne fonctionne pas avec un robinet. On ne peut pas décider d’augmenter sa production, du jour au lendemain, au gré de la demande. »

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« C’est certain qu’on aimerait accroître notre production en conséquence. C’est notre rêve, explique Martin Stébenne, directeur des ventes de Vaillancourt. Mais il faudrait pour cela trouver la main-d’œuvre, laquelle se fait tout aussi rare. »

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« Faute de mieux, la plupart des entrepreneurs avancent leurs chantiers à pas de tortue. D’autres reportent leurs échéanciers » [...]

Sauf peut-être, pour les plus astucieux, comme Mathieu Clément. En prévision de la saison chaude, il a eu l’intuition de se constituer des réserves de matériaux, dès le mois de février. «On n’a pas le choix, dit-il, pas peu fier de sa décision. On doit se préparer d'avance et se constituer des stocks. C'est la nouvelle réalité COVID ! »