La longue glissade du marché immobilier

Vendredi, 19 août, 2022
Eric Desrosiers, Le Devoir

Extrait(s) :

La dégringolade du marché immobilier n’est pas terminée. Elle devrait toutefois se révéler un peu moins sévère au Québec et s’arrêter avant d’avoir eu le temps d’effacer tous les gains réalisés durant la pandémie.

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Ainsi, au lieu d’une baisse moyenne de 15 % du prix des propriétés au Canada, de son sommet de février 2022 à quelque part vers la fin de 2023, ils s’attendent maintenant à une chute de presque un quart (23 %). Le Québec s’en tirera mieux — notamment parce que les prix et l’endettement y demeurent proportionnellement moins élevés et que les salaires y augmentent plus vite —, mais il ne sera pas épargné. De seulement 2 % jusqu’à présent, la glissade ne s’arrêtera pas à 12 %, comme on le pensait encore au début de l’été, mais pourrait aller jusqu’à 17 %.

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La dernière flambée du marché immobilier ne pouvait pas durer éternellement. En situation de pénurie amplifiée par une explosion de la demande de logements plus grands et éloignés des centres-villes déclenchée par la pandémie de COVID-19, le Canada a finalement vu l’offre revenir à un équilibre avec la demande. On devrait éventuellement voir poindre des situations de surplus à certains endroits au cours des prochains mois.

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Ce retournement de situation est accéléré par le relèvement beaucoup plus brutal que prévu des taux d’intérêt de la Banque du Canada. Encore à son niveau plancher de 0,25 % au mois de mars, son taux directeur est de 2,50 % aujourd’hui et devrait être à 3,25 % ou 3,50 % avant la fin de l’année, selon l’analyste à qui vous parlez.

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On assiste à « la pire détérioration de l’abordabilité du logement en 41 ans », affirmaient mardi des analystes de la Banque Nationale. « L’hypothèque d’une maison représentative au Canada exige maintenant 63,9 % du revenu pour être remboursée, soit le pourcentage le plus élevé depuis 1982. »

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Cette période de refroidissement du marché immobilier durera jusqu’à ce que la Banque du Canada se sente obligée de relâcher de nouveau la bride monétaire pour insuffler un peu plus de vie à l’économie, ce qui devrait se produire vers la fin de l’année prochaine, prédit Desjardins.