Le financement des projets immobiliers ne suit pas

Mercredi, 26 octobre, 2022
Charles Poulin, Les Affaires

Extrait(s) :

Tous les acteurs du milieu immobilier parlent de multiplier d’urgence le stock de propriétés à vendre pour rééquilibrer le marché. Pourtant, avec l’inflation et les hausses de taux d’intérêt, il devient extrêmement difficile de financer les projets immobiliers d’envergure et ainsi d’augmenter la cadence du nombre de chantiers d’habitations au Québec.

L’entrepreneur Ray Junior Courtemanche, président d’Investissement Ray Junior, donne l’exemple d’un projet de 350 portes qu’il aimerait bien démarrer. Le problème : la banque n’était prête qu’à lui fournir 100 millions de dollars (M$) des 180 M$ que coûte la construction.

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e financement est alloué selon le rendement prévu des édifices construits, explique Ray Junior Courtemanche. Les coûts ont explosé depuis deux ans, que ce soit du côté des matériaux, de la main-d’œuvre et, maintenant, des taux d’intérêt, ce qui fait que la rentabilité n’est pas au rendez-vous.

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Le projet a démarré au début de 2020, mais avait été retardé avec l’arrivée de la COVID-19. L’entrepreneur estime que sans ce retard, il aurait pu obtenir un taux de 1,5 %. Il calcule que pour son prêt de 72 M$, chaque hausse de 0,5 % lui coûte 100 000 $ de plus par mois.

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Le président de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), Maxime Rodrigue, affirme que l’entrepreneur n’est pas le seul dans cette situation.

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Les répercussions se font déjà sentir. Le directeur du Service économique de l’APCHQ, Paul Cardinal, souligne que les mises en chantier avaient baissé de 10 % de janvier à septembre par rapport à la même période en 2021.

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Ce que les entrepreneurs pourraient faire pour rentabiliser les projets est de faire grimper les loyers, poursuit-il, mais dans bien des cas, ils pensent que le marché ne peut soutenir cette croissance.

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Maxime Rodrigue, abonde dans le même sens. Si on veut réellement tenter de combler le déficit de 100 000 logements avancé par l’APCHQ pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande en immobilier résidentiel, il faudra donner un coup de pouce à ceux qui construisent.

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Maxime Rodrigue voit trois solutions viables à court terme pour relancer les mises en chantier. La plus simple, et la plus importante à ses yeux, est d’allonger la période d’amortissement des prêts pour la construction de logements locatifs.

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Maxime Rodrigue avance également qu’un moyen de favoriser la construction résidentielle serait d’accroître le financement en matière de logements abordables, sociaux et durables ainsi que de s’attaquer de plein front à l’allègement réglementaire.