Rénovations extrêmes : le permis de faire n’importe quoi?

Lundi, 8 août, 2022
Stéphane Desjardins, Journal du Voisin

Extrait(s) :

Les élus de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville peuvent difficilement contrer les rénovations extrêmes qui défigurent le paysage. Selon certains, la réglementation d’urbanisme doit être améliorée.

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[A]près avoir essuyé un refus de démolir, le propriétaire a obtenu un permis de transformation. La réglementation prévoit qu’il devait s’assurer de préserver au moins 25% de l’immeuble original.

Alors que le propriétaire revend deux des unités en affirmant que l’immeuble a été rénové à 95 %, l’arrondissement affirme que la norme de 50 % a été respectée. En réalité, on peut apercevoir vaguement la forme de la maison originale en regardant la nouvelle construction, depuis la ruelle. La végétation abondante originale a disparu.

L’élu du district Sault-au-Récollet, Jérôme Normand, affirme au JDV que les autorités ont strictement respecté la réglementation en vigueur dans ce dossier.

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Pour M. Normand, l’arrondissement n’a pas erré et le résultat final ne déroge pas au permis accordé au propriétaire. Mais il ne se dit absolument pas satisfait du résultat. 

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Malgré tout, le permis de transformation, selon plusieurs défenseurs du patrimoine, est devenu un permis pour faire n’importe quoi. Doit-il être amélioré?

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Le critère de 50 % est-il suffisant? Doit-on préserver 20 % ou 50 % de verdissement? Doit-on mieux encadrer les hauteurs, les volumes, l’intégration urbaine, les matériaux, le patrimoine en général? Comment consulter la population?

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Architecte et membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, Jocelyn Duff aimerait des mesures concrètes, comme on en retrouve dans Rosemont qui protège ses shoebox, ou dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui protège son Village Champlain, un quartier où l’on retrouve les premiers bungalows au pays et les maisons de vétérans près du métro Viau.

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Pour le gardien du patrimoine Jacques Lebleu, ces pressions ne datent pas d’hier. Il cite la disparition de maisons anciennes dans Bordeaux, ou les démolitions à grande échelle aux abords du pont Viau, survenues au fil des ans. 

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Il ajoute que certains secteurs se démarquent par leur mocheté, comme Louvain, Christophe-Colomb, Crémazie et Saint-Hubert, qui comportent souvent des mers de stationnements.

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Stéphane Tessier, de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, reconnaît lui aussi qu’il y a de la pression immobilière très intense dans l’arrondissement.