Vos réactions à l’éditorial de Stéphanie Grammond publié le 13 juin*

Mardi, 15 juin, 2021
La Presse

Extrait(s) :

Un permis de construction à 50 $ pour un agrandissement majeur d’une valeur de plusieurs dizaines ou centaines de milliers de dollars n’a aucun sens.

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Le domaine de la construction et de la rénovation est le Far West du monde des affaires. Parlez-en à mon beau-père qui a un escalier dont la dernière marche fait 2 pouces de plus que les autres ! Il est grand temps de mieux encadrer cette industrie. 

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À quand l’instauration d’inspecteurs indépendants sur les chantiers de construction au Québec ? Toutes les autres provinces au Canada ont des inspecteurs en bâtiment sous la responsabilité des municipalités. Les inspections sont faites à chaque étape de la construction du bâtiment. Je possède un condo en Floride. J’ai refait ma salle de bain avec un permis de rénovation du comté au coût de 220 $ US. Quatre inspecteurs relevant du bureau des permis ont inspecté chaque étape de la construction, même si j’ai fait les travaux moi-même.

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Un problème qui touche plus de personnes que l’on croit. J’ai un toit qui coule, pas de garantie alors qu’il n’a que cinq ans, car l’entreprise a fermé. Il n’y a rien à faire, nous a dit la Régie, sauf qu’on se rend compte que c’est un problème très connu et très courant ! Comment est-il possible que l’on n’ait aucune protection contre ces entreprises de couvreurs qui ferment et continuent dans le marché sous un autre nom en laissant sans garantie tous leurs clients ? À qui peut-on se plaindre ?

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En plus des problèmes de vices de construction, il y a le chantage d’arrêt des travaux si on ne donne pas des dizaines de milliers de dollars en surplus du contrat. La peur de se ramasser en Cour avec tous les délais font que les futurs propriétaires abdiquent devant ce chantage. Je l’ai vécu en 2017 et en 1981.

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Bravo pour votre résumé de la situation… si désolante, en effet ! Nous venons d’en faire la preuve encore une fois cette année avec des travaux de changement de fenêtres et de terrassement, etc. Malgré des estimations et comparaisons de prix, le travail aurait été bâclé sans une très grande vigilance et supervision de NOTRE part… 

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Ce que votre article ne mentionne pas et qui est essentiel également est la mise en place de contrôles jalons pour les principales étapes importantes de construction lors de l’avancement des travaux, afin d’assurer la qualité d’un projet une fois livré. J’ai vu un reportage à Radio-Canada il y a quelques années où on démontrait les écarts de ce type de contrôle entre l’Ontario et le Québec.

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Maintenant à la retraite, j’ai été lié à la construction pendant plus de 40 ans. Votre reportage est exact et je puis vous assurer, pour avoir été responsable des murs résidentiels haute performance dans tout le marché canadien pour une multinationale, que la pire province en ce qui concerne les inspections, c’est le Québec… C’est simple, il n’y en a pas, d’inspection. 

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À partir du moment où il est clair que les licences des entrepreneurs ne valent pas grand-chose, comment peut-on s’assurer de la qualité de la construction ? Eh bien, en fait, une licence n’a jamais assuré une qualité quelconque dans la construction. À titre comparatif, en Floride, le monde de la construction est aux prises avec un problème majeur de travail au noir par des ouvriers souvent immigrants sans cartes de compétence. Pourtant, il est possible de construire des bâtiments conformes simplement en inspectant les travaux. Au lieu de vérifier des cartes et des licences, on s’assure que les travaux sont conformes. Notez que l’un n’empêche pas l’autre et que d’avoir des compétences est toujours nécessaire. Le fait est que beaucoup d’entrepreneurs sont plus compétents que les gens de la Régie du bâtiment, ce qui leur permet de faire ce qu’ils veulent sur les chantiers et de tirer avantage de la situation.

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J’ai obtenu ma licence d’entrepreneur spécialisé sans formation et sans grande connaissance de l’industrie. J’ai acheté une formation en ligne, étudié les questions et réponses : 80 % des questions étaient les mêmes qu’à l’examen de la Régie du bâtiment du Québec. AUCUNE question sur mon métier, seulement des questions administratives, c’est une vraie farce. Pour moi, la licence d’entrepreneur spécialisé n’a aucune valeur. Le concept est à revoir complètement.

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Pour avoir eu affaire à cet organisme à titre d’inspecteur municipal en bâtiment, je peux vous confirmer que la Régie du bâtiment n’est rien d’autre qu’un dortoir. Littéralement, le gars qui me répondait, je venais de le réveiller ! L’un d’eux m’a même remercié pour le briefing que je venais de lui faire sur le problème que je venais de lui soumettre !

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Je suis inspectrice en bâtiment et j’ai travaillé 14 ans sur des chantiers de construction à Montréal. C’est tout simplement une vraie honte. Et c’est pire que jamais. Les perdants sont assurément les acheteurs. Le Québec est tellement en arrière de l’Ontario ou des États-Unis. Exiger des inspections pendant la construction serait si simple et protégerait tout le monde. Vraiment triste et désolant.

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Au-delà des permis et autres contrôles de la Régie du bâtiment, je pense que le principal problème est le manque d’inspection obligatoire des travaux.
 
Les clients qui ne connaissent rien en construction sont laissés à eux-mêmes et n’ont aucun recours contre des entrepreneurs véreux. À part, la Cour des petites créances, et encore. La plupart du temps, l’entrepreneur a fait faillite ou a fermé boutique lorsqu’un recours est possible. En plus, il ne faut pas oublier que la résidence est le principal poste de dépense de bien des personnes, surtout ces temps-ci.
 
Je pense que la solution est que la Régie du bâtiment ait des inspecteurs compétents (lire ingénieurs) qui connaîtraient parfaitement le code de construction et qui inspecteraient obligatoirement tous les travaux en cours à divers moments clés de la construction. Par exemple : inspection avant la fermeture des murs ou la pose du revêtement extérieur. Ainsi, advenant que des travaux ne soient pas conformes, on les ferait refaire tout de suite aux frais de l’entrepreneur. De cette façon, les entrepreneurs auraient tendance à suivre le code de construction à la lettre, sinon ils auraient des frais supplémentaires chaque fois.
 
D’autre part, si l’inspecteur agit incorrectement ou est incompétent, il pourrait être sanctionné par son ordre professionnel (OIQ), ce qui pourrait mener jusqu’à la perte de son permis d’exercice.
 
De cette façon, on arriverait à avoir des travaux de qualité réalisés par les entrepreneurs.
 
Mon expérience professionnelle passée dans le domaine m’a montré que lorsque les travaux sont exécutés sous supervision stricte, ils sont de qualité. Lorsqu’on relâche les contrôles, les pommes pourries recommencent à s’activer.