Faudra-t-il des morts pour régler le problème de construction?

Mercredi, 12 octobre, 2022
Daniel Germain, Journal de Montréal

Extrait(s) :

Revenons à cette histoire de condos pourris publiée dans Le Journal mardi dernier. Quarante-huit copropriétaires risquent de tout perdre, car leurs immeubles nécessitent des travaux correctifs majeurs à cause de vices de construction qui remontent à 30 ans. 

Ça frappe, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Les problèmes d’étanchéité sont monnaie courante, particulièrement dans les constructions récentes. Quand ce n’est pas l’intégrité de la bâtisse à long terme qui est menacée, ce sont les champignons qui envahissent les murs... Une plaie.  

Récemment, l’émission La Facture rapportait une histoire sur le même thème, à glacer le sang. Une énième sur le sujet. Un immeuble en copropriété de Gatineau, neuf, était si mal construit qu’il représentait un danger pour ses occupants. Il présentait des risques élevés d’effondrement et d’incendie. En cause, outre l’incompétence et la négligence: les inspections sur les chantiers du Québec, notamment pour les travaux d’électricité, qui seraient 100 fois moins nombreuses que chez le voisin ontarien.  

Dans le reportage, on montrait un clip où la ministre de l’Habitation Andrée Laforest semblait trouver extravagante l’idée d’accroître les inspections sur les chantiers. Des gens de l’industrie lui ont dit que ça ralentirait les travaux. 

Ça fait des années qu’on déplore les problèmes de qualité en construction, particulièrement dans le segment des logements multiples. Qu’est-ce qu’il faudra pour que le gouvernement s’y attaque? Des morts?  

[...]

Combien de fois vous ai-je cassé les oreilles avec la nouvelle législation sur la copropriété? Encore la semaine dernière, je vous ai rappelé les exigences imposées par la loi 16 sur la propriété (étude de fonds de prévoyance, carnet d’entretien). Des lecteurs me demandent depuis quand.  

Ça fait trois ans que la loi a été sanctionnée, et ses aspects majeurs ne sont toujours pas en application, car ils doivent être précisés par règlement. Ça niaise... Pendant ce temps-là, moi je radote, et les syndicats de copropriété font comme ils peuvent pour s’y préparer.  

[...]

Autre morceau important du cadre législatif entourant la copropriété, la loi 141. Cette loi avait entre autres pour objectif de régler les problèmes d’assurance (la loi 16 aussi, par la bande). Moins d’assureurs s’intéressent à ce marché à cause des réclamations à répétition. Des compagnies ne veulent même plus protéger les immeubles de moins de trois ans tellement les vices de construction sont répandus. 

Lors des consultations en vue de préparer les textes législatifs, les représentants des assureurs et des gestionnaires de copropriété étaient d’accord sur ce point: il fallait améliorer l’inspection des chantiers, car la plupart des vices majeurs sont invisibles une fois la construction terminée.  

Eh bien non, ça n’a pas été retenu. C’est trop compliqué, même si ça se fait ailleurs.