La mérule pleureuse: des vies empoisonnées par un champignon

Jeudi, 25 novembre, 2021
Johanne Fournier, Le Soleil

Extrait(s) :

Tristesse, désespoir, choc émotionnel, dégoût et répulsion sont des sentiments partagés par seize occupants propriétaires de domiciles contaminés à la mérule pleureuse. Le portrait est sombre; certains ont même pensé au suicide. Un rapport de recherche récemment déposé par deux chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) décrit le vécu de ces personnes. Pour ses auteurs, il s’agirait de la première étude à porter sur les répercussions directes et indirectes de ce champignon communément appelé «cancer du bâtiment».

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Ce champignon n’est pas seulement dévastateur pour les habitations. Il empoisonne aussi la vie de ses habitants, surtout sur le plan de leur santé mentale. C’est ce qui ressort notamment de la recherche menée sous la direction des professeurs Danielle Maltais et Jacques Cherblanc du département des sciences humaines et sociales de l’UQAC. Commandée par l’organisme Mérule pleureuse Québec, l’étude a été financée par la Société d’habitation du Québec (SHQ) et par l’organisation Mitacs.

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À tous ces sentiments se sont notamment ajoutés, pour plusieurs, une insécurité économique, un épuisement, une surcharge mentale, des symptômes anxieux et dépressifs. Certains ont rapporté des problèmes de santé physique comme des difficultés respiratoires et digestives. Plusieurs répondants ont traversé des périodes d’isolement social et d’incompréhension de leur entourage. Parmi les difficultés vécues, l’une est commune à tous: les importantes pertes financières.

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«Les victimes de la mérule souhaiteraient passer par la loi des sinistrés parce que c’est la même chose de perdre sa maison à cause d’une inondation ou à cause de la mérule», ajoute la professeure Maltais, qui souhaite que son rapport et les recommandations qui en découlent puissent faire réfléchir la SHQ.

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À la lumière de l’étude scientifique de l’UQAC, l’organisme envisage de développer de nouveaux services visant à venir en aide aux sinistrés de la mérule. Déjà, des groupes de soutien virtuels ont été mis en place en septembre, animés par deux travailleuses sociales. «L’idée est de permettre aux gens de partout au Québec de se rencontrer de façon virtuelle et d’obtenir de l’aide d’une professionnelle, ce qui est quelque chose qu’ils ne peuvent pas se payer parce qu’ils vivent un stress financier, explique Marie-Hélène Cauchon. Ça brise aussi l’isolement. Ils partagent des informations pertinentes et leur vécu.»