Dans le monde du condo, la question des fonds de prévoyance soulève les passions et peut devenir très problématique… surtout lorsque les copropriétaires manquent d’argent pour réaliser des travaux d’envergure. Dans les cas extrêmes, on peut en arriver à devoir raser des immeubles.
Sur le Plateau Mont-Royal, un immeuble se trouve actuellement dans un état de négligence si avancé qu’il sera probablement démoli, m’a raconté Me Yves Joli-Coeur, avocat spécialisé en droit immobilier. Des copropriétaires devront déclarer faillite, incapables de rembourser leur prêt hypothécaire avec le petit montant qui leur sera versé après la vente du terrain.
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Tout ça parce que le fonds de prévoyance et l’entretien d’un bâtiment possiblement mal construit au départ ont été négligés au fil des ans.
La situation est à peine plus favorable à L’Île-des-Sœurs, où, là aussi, un immeuble d’une quinzaine de condos a besoin de travaux d’envergure. La moisissure et les insectes ont envahi les lieux, certains copropriétaires gèlent. Or, tous les voisins n’ont pas les moyens de verser la cotisation spéciale de plusieurs dizaines de milliers de dollars qui leur est demandée pour effectuer les correctifs.
Pour les membres bénévoles du conseil d’administration, c’est « l’horreur », raconte Me Yves Joli-Coeur.
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C'est très intense, mais rien de tout cela n’étonne l’avocat, qui voit toujours les mêmes étapes se reproduire partout. Les copropriétaires commencent par être dans le déni, ensuite, ils montent le ton.
Devenir prisonnier d’un logis invendable, on s’en doute, est hautement anxiogène. Personne ne veut en arriver là. Mais on ne connaît pas la situation financière de ses voisins.
À L’Île-des-Sœurs, certains copropriétaires peuvent réhypothéquer leur propriété ou piger dans leurs économies pour financer leur part des travaux, mais pas tous. Le syndicat devra vraisemblablement convaincre les plus riches de payer pour les autres afin de régler les factures, tout en déposant des hypothèques légales sur les condos qui ne versent pas leur part. Ces condos devront ensuite être vendus en justice et leur propriétaire perdra tout ou presque.
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