Se permettre la propriété immobilière

Samedi, 22 avril, 2023
Gérard Bérubé, Le Devoir

Extrait(s) :

Être propriétaire plutôt que locataire change tout une fois la retraite venue. Mais encore faut-il y avoir accès.

Dans la version 2023 de son Baromètre de préparation à la retraite, le cabinet en ressources humaines Mercer met l’accent sur les millénariaux. S’ils affichent un statut de locataire leur carrière durant, les travailleurs de cette génération Y, composée de gens nés entre 1980 et 2000, doivent épargner 50 % de plus que les propriétaires s’ils veulent disposer d’un revenu suffisant à la retraite. Il ressort de l’analyse que pour obtenir un revenu raisonnable à la retraite, un millénarial qui loue durant toute sa carrière devrait épargner huit fois son salaire afin d’être prêt à la retraite, et prendre celle-ci à 68 ans. Ce même millénarial, s’il était propriétaire de son logement, n’aurait besoin d’épargner que 5,25 fois son salaire, et pourrait prendre sa retraite trois ans plus tôt, à 65 ans.

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Cette observation suppose que le travailleur de la génération Y affiche un salaire de départ de 60 000 $ et qu’il cotise 10 % de son salaire mensuel à un régime d’épargne à partir de 25 ans, ce qui, d’entrée de jeu, se veut un niveau d’économies plutôt difficile à réaliser et à maintenir pour de jeunes travailleurs. D’où l’importance, pour ce dernier, de pouvoir bénéficier d’un régime de retraite dans lequel l’employeur cotise. 

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Côté abordabilité, revenons à cette récente lecture de la Banque Nationale indiquant une amélioration de l’accessibilité au Canada au quatrième trimestre de 2022, et ce, pour la première fois en neuf trimestres. 

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N’empêche, le logement médian n’est toujours pas abordable au Canada, avec un paiement hypothécaire en pourcentage du revenu de 64,6 %, soit le niveau le plus élevé depuis 1981. Pour Montréal, ce poids se chiffre à 47,2 %, de loin au-dessus de la moyenne de 20 ans de 30,7 % pour cette ville. 

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Et si les données de mars font ressortir un regain d’activité chez les acheteurs potentiels, attisé par la mise sur pause du resserrement du taux directeur de la Banque du Canada, les vendeurs ne se ruent pas sur le marché. Selon les données de l’Association canadienne de l’immobilier, alors que les ventes ont augmenté d’un mois à l’autre en mars pour un deuxième mois d’affilée, les nouvelles inscriptions restent à leur niveau le plus bas en 20 ans.

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Dans un blogue du Financial Post, l’économiste retient notamment que dans le cas des prêts à taux variable, les institutions financières ont généralement répondu au passage du taux hypothécaire de sous les 2 % à au-delà des 6 %, dans la foulée de l’austérité monétaire musclée de la banque centrale, par un allongement de la période d’amortissement du prêt. S’y greffe la capacité de remboursement des emprunteurs telle que mesurée par l’application du taux admissible minimal au sein d’un mécanisme de vérification de la capacité des emprunteurs d’acquitter leurs dettes. S’ajoute à l’équation l’influence de l’immigration sur le marché immobilier résidentiel.