Une certification pour contrer l’insalubrité des logements élaborée sans consultation des inspecteurs

Jeudi, 1 septembre, 2022
Zacharie Goudreault

Extrait(s) :

L’Association des inspecteurs en bâtiments du Québec (AIBQ) n’a pas eu son mot à dire sur une certification qui vise à contrer l’insalubrité des logements sur laquelle elle émet pourtant plusieurs réserves, a constaté Le Devoir. 

De la fin mai au 10 juin, de nombreux citoyens et organismes ont pris part à diverses séances d’audition des opinions organisées dans le cadre d’une consultation publique concernant la certification « propriétaire responsable » de la Ville. Une trentaine de mémoires ont alors été déposés à l’intention de la Commission du développement économique et urbain et l’habitation de la Ville, qui rendra publiques ses recommandations jeudi prochain.

L’AIBQ n’a cependant pris connaissance de l’existence de cette consultation publique qu’après en avoir été informée le 9 mai par l’opposition officielle à l’hôtel de ville, indique au Devoir le vice-président et directeur général de cette association d’inspecteurs en bâtiments – qui est d’ailleurs la plus grande au Québec —, Danny McNicoll. L’association n’aurait donc pas été invitée directement par la Ville, ce que son directeur général juge « particulier », voire « inquiétant ».

 

Le regroupement d’inspecteurs a alors proposé de prendre part à une des journées d’audience prévues, mais la Ville lui a indiqué qu’un mémoire devait d’abord être déposé à l’intention de la commission municipale chargée de cette consultation.

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Le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, assure pour sa part que l’AIBQ « a été invitée à déposer un mémoire » dans le cadre de cette consultation. On affirme d’ailleurs qu’un « délai » lui aurait été proposé afin de lui permettre de déposer ce document d’ici au 30 juin, « ce qui a été décliné par l’association ». M. McNicoll affirme pour sa part que lui et le président de l’AIBQ, Denis St-Aubin, n’ont reçu aucun courriel de la Ville en ce sens.

Le projet de règlement étudié, dont la mise en application est prévue l’an prochain, propose d’imposer progressivement aux propriétaires d’immeubles de huit logements locatifs et plus des inspections obligatoires dont ils devront rendre compte à la Ville tous les cinq ans. Cette certification s’appliquerait à environ 250 000 logements, soit 35 % du parc locatif de la métropole.

Or, l’AIBQ estime que la fréquence des inspections devrait varier en fonction de l’âge et de la vétusté des bâtiments. Autrement, les inspecteurs seront débordés et les résultats de leurs visites seront limités, prévient M. McNicoll.