Le radon est un gaz radioactif qui ne doit pas être pris à la légère, puisqu’il est responsable de près de 1000 décès annuellement au Québec.
Que ce soit pour protéger adéquatement votre habitation actuelle (maison, condo ou appartement), pour porter attention à certains éléments lors d’une transaction immobilière ou pour choisir les bons moyens de prévention lors d’un projet de construction neuve, s’informer sur le radon s’avère très pertinent.
Dans cette page :
- Qu’est-ce que le radon?
- Quels sont les risques pour la santé?
- Dans quelles régions du Québec trouve-t-on le radon?
- Comment le radon s’infiltre dans les habitations?
- Comment tester la concentration de radon?
- Comment s’en protéger?
- Habitation actuelle
- Achat ou vente d’une propriété
- Construire une nouvelle habitation
- En savoir plus
Qu’est-ce que le radon ?
Le radon est un gaz radioactif qui provient de la décomposition naturelle de l’uranium, métal présent partout dans la croûte terrestre. Bien qu’il se retrouve partout sur la planète, sa quantité varie grandement d’un endroit à l’autre.
Lorsqu’il arrive à se dégager dans l’air extérieur, le radon se dilue rapidement dans l’atmosphère et ne pose alors aucun danger pour la santé humaine.
Il peut toutefois s’infiltrer vers des milieux clos - cavités naturelles, habitations - et c’est lorsqu’il s’y accumule et atteint des niveaux de concentration de plus de 200 becquerels par mètre cube (200 Bq/m3) d’air que des mesures sont à prendre pour prévenir les risques sur la santé.
Ce gaz est incolore, inodore et sans saveur. Il est donc indétectable par les sens humains. Le radon est également soluble dans l’eau, c’est-à-dire qu’il peut s’y mélanger facilement.
Quels sont les risques pour la santé?
Le radon est un agent radioactif cancérigène. Il constitue la deuxième cause de cancer du poumon, après le tabagisme.
Au Canada, se sont 3200 personnes qui décèdent tous les ans d’un cancer du poumon lié à l’exposition au radon. Au Québec, on parle de plus de 1000 décès par an. Parmi ces décès, 60% sont des fumeurs, 30% sont d’anciens fumeurs et 10% sont des non-fumeurs.
Le risque de développer un cancer augmente selon trois facteurs :
- la concentration d'exposition;
- la durée de l’exposition;
- la combinaison avec le tabagisme.
Dans quelles régions du Québec trouve-t-on du radon?
Bien que le radon peut se trouver partout au Québec, certaines régions sont plus susceptibles de produire plus d’émanations et donc d’enregistrer plus de hautes concentrations. Cela s’explique entre autres par leur composition géologique (sol poreux et grande quantité d’uranium dans le sol).
L’Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations, menée par Santé Canada, en 2012, a révélé que la concentration moyenne de radon dans les sous-sols d’habitations du Québec n’est pas très élevée, soit 35 Bq/m³.
Malgré cette moyenne rassurante, certaines maisons évaluées lors de cette enquête ont quand même enregistré un niveau de 1000 Bq/m³. C’est pour cette raison que l’on doit faire preuve de vigilance.
Pour connaître les régions du Québec qui enregistrent de plus hautes concentrations de radon (au-delà de 200 Bq/m³), vous pouvez consulter les résultats de l’Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations ainsi que le site Web de l’Association pulmonaire du Québec.
Selon les statistiques disponibles en date de janvier 2024 par Santé Canada et par l'Association pulmonaire du Québec, voici le top 5 des régions qui ont un pourcentage plus élevé d'habitations ayant fait des tests de radon et dont les résultats sont de plus de 200 Bq/m³ :
- Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
- Bas-Saint-Laurent
- Chaudière-Appalaches
- Outaouais
- Laval
Attention! Ce n’est pas parce que vous habitez une région détenant un pourcentage élevé de propriétés touchées que vous aurez automatiquement des problèmes de radon dans votre demeure, et vice versa. En effet, la concentration de radon d’un terrain peut varier aussi drastiquement que d’un voisin à l’autre. Le seul moyen d’en avoir le cœur net est de faire un test!
Comment le radon s’infiltre dans les habitations?
Différentes voies de passage peuvent conduire le radon du sol jusqu’à l’intérieur des domiciles :
- à partir des planchers en terre battue ;
- par les vides sanitaires ;
- par les puisards ;
- par les fissures de la dalle de béton ou des murs de fondation ;
- entre les blocs de béton et le parement extérieur en briques ;
- à travers les joints ;
- par les ouvertures autour des conduits d’évacuation et des entrées de service (raccords de tuyauterie);
- les robinets, surtout celui de la douche. Les robinets peuvent en effet constituer une voie d’entrée pour le radon provenant d’eaux souterraines riches en radon.
Les pièces les plus susceptibles d’enregistrer des niveaux élevés de radon sont les sous-sols ou les pièces près du sol, car le radon est plus lourd que l’air.
Comment tester la concentration de radon?
Puisque le radon est inodore, incolore, sans saveur et que sa concentration peut varier d’une maison à l’autre, le seul moyen de savoir si une maison ou encore un appartement au semi-sous-sol contient de hautes concentration de radon est de faire un test avec un dosimètre.
Effectuer le test soi-même
Il est facile de réaliser soi-même un test de radon et c’est l’option la plus abordable. Il faut seulement lire attentivement les instructions du fabricant et faire preuve de patience, puisqu’il faut attendre un minimum de 3 mois avant d’envoyer le dosimètre en analyse.
L’Association pulmonaire du Québec vend, dans sa boutique en ligne, des dosimètres certifiés au coût d’environ 50$.
L’hiver représente la saison idéale pour évaluer le niveau de radon, puisque le dosimètre doit être habituellement maintenu pendant au moins 3 mois (ou selon la période recommandée par le fabricant) dans un endroit clos, à l’abri des courants d’air, afin que le résultat de son échantillonnage soit le plus représentatif. La pièce choisie pour l’emplacement du test doit être une pièce occupée pour une grande partie de la journée et elle doit se trouver au point habitable le plus bas de la maison (généralement un bureau, une salle de jeux ou une chambre au sous-sol).
Lorsque cette période est écoulée, il ne reste qu’à envoyer la trousse par la poste pour analyse à un laboratoire.
Faire tester par une entreprise certifiée
Une autre option (plus dispendieuse) est de faire appel à une entreprise spécialisée. À l’aide d’autres appareils, des experts peuvent effectuer des lectures rapides des concentrations de radon dans la maison ou ils peuvent installer de façon temporaire un dosimètre.
Il faut toutefois vérifier que l’entreprise détient la certification du Programme national de compétence sur le radon au Canada (PNCR-C), et que les analyses sont effectuées dans des laboratoires également certifiés pour ce type d’analyse.
Comment s’en protéger?
Si votre domicile actuel ou l’habitation que vous convoitez enregistre des concentrations de radon supérieures à la norme canadienne de 200 Bq/m³, l’environnement est considéré nocif et des mesures correctives doivent être prises.
- Si la concentration se situe entre 200 et 600 Bq/m³, il est recommandé de corriger la situation au cours des deux années suivantes.
- Si le niveau est supérieur à 600 Bq/m³, il est essentiel d’entreprendre des travaux correctifs en moins d’un an.
Habitation actuelle
Attention! Contrairement à la croyance générale, une construction récente est plus à risque d’accumuler du radon qu’une plus âgée. Les maisons sont construites selon des normes écoénergétiques en constante amélioration, donc il y a habituellement moins de changement d’air naturel entre l’intérieur et l’extérieur.
Si vous constatez un niveau trop élevé de radon chez vous et que vous souhaitez commencer par des mesures légères, voici des actions à effectuer pouvant réduire jusqu’à 50% votre niveau de radon domiciliaire :
- colmater les fissures de la fondation et du plancher;
- sceller les joints entre les plancher et les murs;
- sceller le pourtour des tuyaux dans la dalle;
- en l’absence d’une dalle de béton, recouvrir le sol du vide sanitaire d’une membrane de plastique dont on va sceller hermétiquement les rebords et les joints;
- s’assurer que les puisards sont couverts et ventilés vers l’extérieur;
- améliorer le système de ventilation, surtout au sous-sol.
Si la concentration reste toujours élevée malgré ces actions, faites appel aux services d’une entreprise spécialisée dans la mesure et l'atténuation du gaz radon, certifiée par le PNCR-C. Elle pourra réduire d’environ 90% le niveau de radon.
La méthode d’élimination la plus efficace et la plus courante (utilisée pour les niveaux de radon les plus élevés) est la dépressurisation active, qui consiste à extraire le radon piégé sous la dalle de plancher. Il s’agit de creuser un puisard sous les fondations et de le relier à un conduit équipé d’un ventilateur qui extrait l’air chargé de radon et le libère à l’extérieur, généralement au niveau du toit.
Après les travaux de correction, il est conseillé que l’entreprise responsable effectue une mesure à court terme une fois le système en marche. Le test doit commencer au moins 24 heures après avoir commencé la ventilation pour permettre au nouveau système d’atténuer le radon. Le test peut durer entre 2 et 7 jours. Cela permet de vérifier l'efficacité du système.
Achat ou vente d’une propriété
Si vous êtes en démarche d’achat ou de vente d’une propriété, il pourrait être gagnant de vous soucier du radon.
En tant qu’acheteur, renseignez-vous si vous êtes dans l’une des régions les plus à risque. Soyez d’autant plus vigilant si vous prévoyez qu’une des pièces sera grandement utilisée au sous-sol (bureau en télétravail ou chambre).
Vous avez le droit de faire une offre d’achat conditionnelle à la réalisation d’un test de radon.
Si toutefois le temps vous manque pour conclure la transaction immobilière, vous pouvez inclure au contrat de vente la création d’un compte en fidéicommis où le vendeur déposera un montant préétabli, pour une durée convenue, à utiliser s’il y a constat d’un niveau nocif de radon.
En tant que vendeur, vous devez inclure dans votre déclaration de vente si un test de radon a été effectué, son résultat et les moyens mis en place pour corriger la situation, le cas échéant. Si l’acheteur n’a pas été informé d’un problème de radon que vous connaissiez, vous pourriez être poursuivi.
Construire une nouvelle habitation
Lors de la construction d'une habitation neuve, il est impossible de prévoir le niveau de radon qui s’y accumulera. Il est préférable de prendre des mesures de prévention lors de la construction plutôt que de corriger par la suite.
Si vous entamez un projet de construction neuve, assurez-vous de faire inclure, dans les plans et devis de la construction neuve, les mesures préventives contre la pénétration de radon prévues par le Code national du bâtiment le plus récent.
Voici quelques exemples de mesures préventives identifiées sur le site Web de CAA-Québec :
- pose d’un joint de mastic souple entre la dalle de plancher et les murs de fondation;
- installation d’une membrane de polyéthylène étanche sous le béton;
- installation d’un tuyau d’évacuation sous la dalle de béton, qui pourra plus tard être relié à un système de dépressurisation si nécessaire;
- mise en place d’un système de ventilation adéquat.
Les habitations qui respectent les nouvelles normes courent un moindre risque de permettre l'infiltration de radon et rendent plus facile son élimination, le cas échéant.
Pour en savoir plus sur le radon
- Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations de Santé Canada - Rapport final (mars 2012)
- Santé Canada : Occupe-toi de ton radon
- Santé Canada : étude à venir sur le radon
- Gouvernement du Québec : le radon domiciliaire
- Association pulmonaire du Québec : informations sur le radon
- Guide pour une maison en santé de CAA-Québec : dossier sur le radon
- Chronique de Les années lumières (SRC) : «Le radon et la santé humaine : Chronique historique»
(514) 384-2013 (Montréal)
